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juin 8, 2023

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Vendre en mai et s’en aller ?

Alors que l'été approche, certains investisseurs pourraient envisager de se fier au vieux dicton « sell in May and go away » (« vendez en mai et partez »), ou, autrement dit, revendre ses actions et prendre une pause estivale avant de revenir le marché fin octobre. A l’appui de ce dicton, des études suggéraient que les actions enregistraient de meilleures performances entre le 31 octobre et le mois de mai. Nous avons procédé à une analyse sur un échantillon de données plus récentes pour voir si cette théorie était toujours valable...

La pratique qui consiste à vendre ses actions au mois de mai trouverait son origine au 18e siècle dans la haute société anglaise. Ce dicton dit en l’espèce : « vendez en mai, partez, et revenez à la Saint-Léger ». L’allusion à la Saint-Léger renvoie aux « St Leger’s Stakes », une course hippique organisée chaque année à la mi-septembre. À cette époque, les investisseurs londoniens avaient coutume de vendre leurs actions avant d'aller passer les mois d'été dans leur résidence de campagne, d'où il leur était impossible de surveiller leurs placements. Ce comportement se traduisait par un effondrement des marchés et, en conséquence, par une pause dans les transactions. À la fin de l'été, les investisseurs faisaient leur retour en ville et rouvraient leurs positions, entraînant une hausse des prix et un retour de la liquidité.

Au XXIe siècle, l'été est toujours synonyme d'une liquidité plus faible. Des études, qui remontent jusqu'à 1928, ont conclu que vendre en mai et revenir sur le marché en octobre était une stratégie plutôt payante pour le S&P 500. Les performances moyennes et médianes les plus faibles se situent entre mai et octobre. Ces résultats sont toutefois légèrement faussés par le fait que certaines des pires séances dans l'histoire du marché actions se sont produites en octobre, dont deux durant le krach de 1929 et une lors du krach de 1987, le fameux lundi noir.

Un dicton contredit par les données récentes

Nous avons procédé à une analyse similaire sur des données des quinze dernières années pour déterminer si ces conclusions étaient toujours valables. Les résultats suggèrent qu'à l'ère moderne, sur les marchés américains tout du moins, cet adage ne se vérifie plus.

Source : Bloomberg, BIL

Cette étude démontre qu'en moyenne, sur la période de mai à octobre, les performances médianes étaient en réalité positives.

Nous avons ensuite construit trois portefeuilles hypothétiques : un premier qui maintenait l'ensemble de ses investissements tout au long de l'année, un deuxième qui investissait entre mai et octobre chaque année et enfin un troisième qui investissait entre novembre et avril. Chacun de ces portefeuilles démarrait l'expérience avec une somme de 100 dollars.

Source : Bloomberg, BIL

Sur la période de quinze ans considérée, le portefeuille qui a investi pendant les mois d'hiver a nettement surpassé le portefeuille estival. Mais c'est le portefeuille qui a maintenu ses investissements tout au long de l'année qui a engrangé les meilleurs résultats. À noter par ailleurs que ces données ne tiennent pas compte des frais de transaction encourus pour sortir du marché et le réintégrer par la suite. En ayant recours au portefeuille 3 plutôt qu'au portefeuille 1, l'investisseur risque de passer à côté de certaines dynamiques du marché. La reprise qui a suivi le choc lié à la pandémie en 2020 et 2021 en est le parfait exemple. La performance enregistrée entre mai et octobre avait alors été exceptionnelle.

Le casse-tête du market timing

Pratiquer le « market timing » est particulièrement compliqué, c'est bien connu. Sortir du marché au bon moment, avant que les cours ne s'effondrent, est déjà difficile. Mais pour que vos efforts paient, il vous faut en outre réinvestir avant la reprise. En optant pour les liquidités, vous risquez de rester sur la touche alors que vous auriez pu profiter des intérêts composés ou que le marché enregistre d'excellentes séances.

En outre, miser sur les effets saisonniers a tout du jeu de hasard : comme on peut le lire dans les notes en bas de page de tout document financier, les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Rien ne garantit qu'une année donnée sera alignée sur les moyennes de long terme. Chaque année est unique et présente un environnement macroéconomique, un cycle et un environnement de marché différents des années précédentes. Se fier aux tendances passés sans prendre en compte, par exemple, les perspectives de bénéfices en constante évolution et vos objectifs d'investissement et votre appétit pour le risque n’est pas la meilleure des stratégies.

Il est possible également que « l'effet estival » perde en pertinence dans un monde de plus en plus numérisé. Le trading algorithmique représente aujourd'hui 60 à 75 % du volume de transactions global sur les marchés actions américains. Les machines ne prennent pas de vacances !

Comme dit dans le film Wall Street : l'argent ne dort jamais. De la même façon, l'argent ne prend pas de vacances d'été.


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