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mars 11, 2024

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L’IA et la probabilité d’une bulle spéculative

Après avoir atteint un nouveau sommet historique début mars, l’indice S&P 500 semble bien parti pour connaître l’un de ses meilleurs premiers trimestres depuis des décennies. L’essentiel de cette progression est dû à une poignée de grandes entreprises technologiques, portées par l’intérêt pour l’intelligence artificielle. D’où cette question: existe-t-il une bulle de l’IA, comparable à la bulle internet de la fin des années 1990?

Après avoir atteint un nouveau sommet historique début mars, l’indice S&P 500 semble bien parti pour connaître l’un de ses meilleurs premiers trimestres depuis des décennies. L’essentiel de cette progression est dû à une poignée de grandes entreprises technologiques, portées par l’intérêt pour l’intelligence artificielle (IA). D’où cette question: existe-t-il une bulle de l’IA, comparable à la bulle Internet de la fin des années 90?

Tout d’abord, il convient de clarifier ce que nous entendons par une «bulle» sur les marchés actions. Il s’agit d’une hausse significative des cours des actions sans une augmentation correspondante de la valeur des entreprises qu’elles représentent. La valorisation d’une entreprise doit être déterminée par ses fondamentaux (ses bénéfices, son taux de croissance et d’autres facteurs similaires). Dans une bulle, la spéculation et, en définitive, l’euphorie l’emportent sur les fondamentaux.

Parallèles entre l’essor d’internet et celui de l’IA
Dans les deux cas, il s’agit de technologies transformatrices. À l’instar d’Internet dans les années 90, l’IA suscite de grands espoirs quant à sa capacité à modifier le tissu même de la société: notre façon de travailler, d’interagir, de communiquer, etc. Selon Forbes, 64% des entreprises s’attendent à ce que l’IA fasse augmenter leur productivité. Le risque est que les attentes concernant le potentiel de l’IA deviennent excessives, du moins à court terme. Nous avons pu constater par le passé à quel point il est difficile de prévoir le temps nécessaire pour tirer profit des innovations technologiques. Il est vrai qu’internet a engendré de profonds changements, mais de façon nettement plus progressive que prévu, ce qui a entraîné des déceptions en cours de route.

Autre similitude: l’effervescence dans les rangs des investisseurs. Au moment de la bulle internet, les investisseurs ont injecté des capitaux tous azimuts. La capitalisation boursière cumulée de ces entreprises a ainsi atteint 2.950 milliards de dollars avant l’éclatement de la bulle. Certains signes d’exubérance sont en train d’apparaître dans le domaine de l’IA. L’un des exemples les plus frappants est peut-être la volonté de Sam Altman, le directeur général d’OpenAI, de lever jusqu’à 7.000 milliards de dollars pour un nouveau projet de puce IA. C’est plus que le budget fédéral des États-Unis et environ 90 fois le PIB du Luxembourg!

Alors que les investisseurs s’empressent de monter dans le train de l’IA, une poignée d’entreprises technologiques américaines voient leur cours de bourse augmenter considérablement, notamment celles perçues comme les premières gagnantes de cette révolution, comme les fabricants de puces nécessaires à la technologie de l’IA et les prestataires de services cloud qui disposent de l’infrastructure informatique pour la commercialiser. Par conséquent, la concentration de la performance du S&P 500 atteint aujourd’hui des niveaux inédits depuis l’époque de la bulle Internet, avec seulement 28% des entreprises de l’indice qui surperforment l’indice lui-même. Cela signifie que 72% d’entre elles pèsent actuellement sur sa performance!

Autre différence essentielle entre aujourd’hui et les années 1990: les valorisations ne sont pas aussi tendues qu’à l’époque. Pour l’heure, les multiples de valorisation de certaines valeurs phares de l’IA s’accompagnent de fondamentaux satisfaisants. Au tournant du millénaire, les valorisations étaient fortement dictées par la dynamique.

Source: Bloomberg Intelligence
(Four Horsemen: Microsoft, Intel, Cisco, Dell)

Même si les valorisations sont aujourd’hui quelque peu excessives au regard des bénéfices, elles sont encore loin des niveaux observés pendant la bulle Internet. Abstraction faite du secteur technologique, le ratio cours/bénéfice du S&P 500 est plus proche de la moyenne historique (19,4). Par conséquent, l’optimisme général qui a fait grimper les valorisations des actions à la fin des années 90 n’est pas [encore] très répandu.

Dans l’ensemble, les locomotives actuelles du marché présentent des bilans solides: leur endettement ne semble pas excessif et leur trésorerie, exprimée en pourcentage de la capitalisation boursière, est deux fois plus importante qu’au moment de la bulle Internet. Le rendement des capitaux propres et les marges moyennes sont également deux fois plus élevés qu’à l’époque.

Autre caractéristique de la bulle Internet qui n’est pas apparente aujourd’hui: la frénésie d’introductions en bourse.

Pour toutes ces raisons, on peut dire que le boom actuel de l’IA n’est pas en tous points comparable à la bulle internet. Néanmoins, il est encore possible que ce thème porteur finisse par engendrer une bulle.

Comment les investisseurs peuvent-ils protéger leurs portefeuilles?
S’il y a bien un conseil que l’on peut donner, c’est de diversifier ses investissements et de faire preuve de discernement. Les investisseurs auraient tort de supposer que les acteurs dominants aujourd’hui le resteront demain. AOL en est un bon exemple. À la fin des années 90, ce fournisseur d’accès à Internet régnait en maître sur le secteur. En 2008, son chiffre d’affaires diminuait de 25% par an et, en 2015, il a été racheté pour 4,4 milliards de dollars, soit 98% de moins que lors de son apogée en bourse.

De nouveaux acteurs, porteurs d’innovations de rupture, entrent en scène pour déloger leurs prédécesseurs et de nombreuses entreprises créées pendant les périodes d’euphorie font faillite. Ceux qui perdurent sont ceux qui comprennent le mieux les besoins des clients et s’adaptent, et pas nécessairement ceux qui ont développé la technologie. En matière d’IA, ce qui sera déterminant pour les entreprises, c’est la maîtrise de la distribution, le déploiement d’applications concrètes et l’exploitation de données exclusives pour améliorer l’expérience utilisateur et stimuler la demande.

Un thème à long terme
Les investisseurs doivent garder à l’esprit le vieil adage selon lequel les gens ont tendance à surestimer l’impact de l’innovation à court terme et à sous-estimer ses effets à long terme. Nous pensons que l’IA est porteuse de profonds bouleversements, comme ce fut le cas pour Internet voici un quart de siècle. Néanmoins, le changement interviendra progressivement. Par conséquent, l’IA doit être considérée comme un thème structurel à long terme dans un portefeuille d’investissement. Il y aura des gagnants et des perdants et, comme toujours, il est peu probable que la marche vers la rentabilité soit dépourvue d’obstacles. Une correction est tout à fait possible si des signes laissent penser que l’IA ne répond pas aux attentes déjà intégrées dans les cours.


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